Polémique sur les modes de calcul du nombre de chômeurs en France
Dans ses adieux aux Français, Jacques Chirac annonçait un bilan favorable de son action contre le chômage. Mais de nombreuses associations dénoncent des chiffres faussés et la polémique sur les "vrais chiffres du chômage" enfle. Début mars, l'INSEE annonçait ne pas pouvoir publier ses chiffres du chômage "pour des raisons techniques", une première dans l'histoire de l'institution, troublante à la veille d'une élection. Puis ce fut au tour dernièrement, des techniciens du ministère de l'emploi qui demandaient de ne plus publier les chiffres mensuels "par honnêteté". De leur côté, les fonctionnaires ont, depuis le 23 mars dernier, un devoir de réserve, élection oblige. Chacun sait néanmoins, que plusieurs possibilités permettent de "baisser artificiellement" le nombre de demandeurs d'emploi : le développement de l'emploi précaire, la dispense de recherche d'emploi des plus de 55 ans, la formation ou encore le congé parental.
En décembre 2006, les statistiques publiées par le ministère de l'emploi recensent 2,09 millions de demandeurs d'emploi, soit 8,6% de la population active. Mais ces chiffres ne dénombrent que les chômeurs inscrits à l'ANPE et classés en catégorie I (il existe 8 catégories), c'est-à-dire ceux qui recherche un emploi en CDI à temps plein et qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois précédent (soit moins de l'équivalent d'un mi-temps).
Qui sont les chômeurs invisibles?
Ne sont donc pas comptabilisés ni les demandeurs d'emploi temporaire ou à temps partiel, ni ceux qui ont travaillé plus de 78 heures durant le mois. Parmi les "chômeurs invisibles", il faut encore ajouter ceux des départements d'Outre-Mer, ceux qui ont plus de 55 ans et qui sont dispensés de recherche d'emploi, les allocataires du RMI non inscrits à l'ANPE. Au total, on peut estimer à 5 ou 6 millions le nombre de personnes touchées en réalité par le chômage.
Le marché du travail s'est profondément dégradé, et nul ne peut ignorer que des millions de personnes sont privés d'emplois. Par ailleurs, la France revendique le plus fort taux de contrats précaires en Europe, exception faite de l'Espagne. Plus de trois millions de Français (source INSEE), ont des contrats précaires (CDD, intérim, apprentissage, contrats aidés), soit près 14% du salariat. Lorsque se combinent une faible durée annuelle d'emploi et une faible durée hebdomadaire, le risque est grand de passer sous le seuil de "bas revenu salarial" définit par un niveau inférieur à 50% du salaire net médian, soit 7300 euros par an.
Il en résulte un sentiment exacerbé d'insécurité social inacceptable contre lequel j'entends agir. Si la "revalorisation du travail" est l'un des axes majeurs de ma campagne, je veux également mettre en garde les électeurs contre l'escroquerie intellectuelle du candidat UMP aux présidentielles et qui affirme de manière malhonnête et culpabilisante qu'il suffirait de "Travailler plus pour gagner plus", sous-entendant ainsi que les chômeurs et les personnes en contrats précaires seraient responsables de leurs situations!
La priorité ne serait-elle pas de permettre aux millions de salariés en situation de non-emploi ou de sous-emploi de "travailler plus pour gagner plus"?