La prise en charge des personnes âgées

Une catastrophe humanitaire en France

La perte d'autonomie, la dépendance sont les facteurs déterminants d'entrée en institution. La décision est prise de plus en plus tard, et malheureusement, bien souvent lorsque la personne est déjà entrée "en grande dépendance".

La solution la plus évidente serait la création de services gériatriques dont les objectifs de soins majeurs seraient le maintien de l'autonomie et le retour à domicile grâce à une continuité de soins, intégrés dans une filière gériatrique, qui contribuerait efficacement à améliorer la santé et donc la qualité de vie de la personne âgée.

Si on veut éviter "toute perte de chance" aux personnes âgées de 75ans et plus, (période où les problèmes de santé peuvent faire basculer dans la grande dépendance) il faut développer chez les soignants un professionnalisme adapté, comme on a su le faire il y a 50 ans pour les enfants avec la naissance de la pédiatrie. La qualité de la prise en charge médicale et soignante, qu'elle soit préventive ou curative, lorsqu'une personne âgée a des problèmes de santé, est déterminante pour la qualité de sa vie future (perte ou non de son autonomie). Il s'agirait là d'une révolution culturelle tout du moins en France.

Or, les politiques de recrutement sont souvent tributaires d'une logique économique de recherche du moindre coût.

Le manque de formation des personnels, les difficultés de recrutement de personnels qualifiés, le ratio minimum de personnel au lit du patient contribuent à la dégradation des conditions de travail et des conditions d'accueil des personnes âgées.

Aujourd'hui, la maltraitance est institutionnelle (temps précipité pour les toilettes, les repas; fréquence des douches rare; pas de soin relationnel; peu d'animation; pression des directions sur le personnel; licenciements abusifs...). Les personnels recrutés, sont de plus en plus précaires, peu ou pas formés, mal armé face à la souffrance, la détresse, la dépendance, la perte de repères, la mort de la personne âgée.

Désabusés par le manque de moyens pour exercer ces professions exigeantes, contraignantes, le recrutement s'avère de plus en plus difficile. On assiste à une désaffection de la part des nouvelles générations pour ces métiers hospitaliers.

Pour ma part, je m'engage dans l'exigence de l'ouverture de réelles négociations pour :

Le recrutement de personnels qualifiés, un investissement dans la formation, l'application immédiate du ratio minimum : 1 soignant pour 1 "soigné" (effectifs mis en place dans le secteur du handicap), la reconnaissance des compétences et des qualifications par une revalorisation salariale.

Des décisions budgétaires en inadéquation avec les besoins

Aujourd'hui, les décisions budgétaires arbitraires imposées par le gouvernement de droite sont en décalage avec la réalité de la vie dans ces établissements et en contradiction avec les plans vieillissement et dépendance annoncé, avec grans renfort médiatique, par le Premier Ministre et qui sont loin de satisfaire les besoins.

Derrière ces plans "dépendance et vieillessement", il y a le passage des lits d'USLD (Unité de soins de longue durée) du secteur sanitaire (donc de l' Etat) sur le secteur médico-social (donc sur les Collectivités Territoriales = plus d'impôts locaux).

Pendant que, d'un côté, des promesses sont faites pour l'avenir, de l'autre côté, dès 2007, ce sont environ 70% des capacités actuelles de prise en charge hospitalière de longue durée des personnes âgées (soit 64 000 lits au niveau national) qui seront rayées de la carte pour être reconverties en lits d'hébergement sans connaître dans quelles conditions financières.

Ce transfert de lits du secteur santaire (Etat) vers le secteur médico-social (Collectivités) est en totale contradiction avec les demandes croissantes de structures médicalisées pour des personnes âgées qui rentrent de plus en plus tardivement en institution, présentant un tableau clinique poly pathologique, et de plus en plus dépendantes.

Force est de constater l'insuffisance de financements de l'Etat, y compris par le biais de la Sécurité Sociale, ce qui fait que les difficultés sont bien réelles dans tous les établissements publics français.

Le financement tripartite (Etat / Région / Département) est un tôlé, dénoncé même par le Président de la Cour des Comptes. Dans le cadre de la loi de décentralisation, la prise en charge de la personne âgée a été confiée aux départements qui ne peuvent assumer cette nouvelle mission sans passer par une augmantation considérable des prélèvements obligatoires des contribuables !

Ainsi, le coût de l'hébergement de la personne âgée à la charge des familles est en constante augmentation. Ce qui pose un problème à beaucoup de familles et que dire pour celles qui sont dans la précarité et endettée pour vivre dans le modèle imposé par notre société de consommation. Le budget des familles n'est pas extensible miraculeusement. Les retraites servies, déjà modestes, sont appelées par les réformes scandaleuses à être encore plus maigres et les enfants se trouvent souvent plus démunis que leurs parents.

La prise en charge de la personne âgée impose de véritables choix de société

Va-t-on offrir une réelle prise en charge de qualité accessible à tous ou bien faire la part belle aux groupes commerciaux de ce secteur qui vont transformer, sans vergogne et cyniquement, la socialisation des soins en marché pour engranger de substantiels profits?

Pour ma part, je m'engage pour :

- la création de produits nouveaux pour la Sécurité Sociale pris sur la richesse nationale et les revenus du capital créés par le travail des salariés,

- un taux d'évolution budgétaire pour les établissements de santé au minimum de 8%,

- un arrêt du projet de transfert de lits du secteur sanitaire vers le secteur médico-social.

Nos aînés ont largement contribués à l'essor de notre société. Ce sont eux qui, hier, ont otenu par leurs efforts, à ce que nous avons aujourd'hui, en particulier notre protection sociale. Défendre aujourd'hui leur qualité de vie, n'est que justice.